Wednesday, February 29, 2012

ARCHITECTURE - ORGANISATION - ERGONOMIE D'UNE SALLE DE PRELEVEMENT DE SANG

Cette étude a été réalisée avec la précieuse collaboration de:

Docteur Stéphane GAYET:  
Médecin infectiologue et hygiéniste, médecin des hôpitaux,
Antenne régionale d'Alsace de lutte contre les infections nosocomiales (ARLIN d'Alsace)
CHRU Hôpital civil, BP 426   67091 STRASBOURG CEDEX


Monsieur Sylvain LEDUC:  
Maître de Conférence en psychologie du Travail - Ergonomie
Administrateur de la Société d'Ergonomie de Langue Française (SELF), Délégué internet
Institut Universitaire de Technologie, Université de la Méditerranée AIX MARSEILLE II
Département Hygiène Sécurité Environnement  BP 156 13708 LA CIOTAT CEDEX  

Monsieur Gilles VELA
Ingénieur Ergonome - Chargé de mission
Ergonomie - Prévention des risque professionnels
Management de la chaine logistique - Actions culturelles
Centre Hospitalier de Cannes

Très peu de publications traitent du sujet.  Beaucoup de renseignements et de recommandations ont été recueillies directement auprès des professionnels que sont Docteur GAYET, Monsieur LEDUC et Monsieur VELA. 



ARCHITECTURE DE LA SALLE DE PRELEVEMENT: (3)(4)(9)

Aucune recommandation n'est proposée sur l'organisation architecturale du cabinet et la circulation des patients(4).  Par contre, règlementairement, le laboratoire d'analyses de biologie médicale doit disposer d'au moins une salle de prélèvement permettant l'isolement des patients(3) Les locaux doivent être aérés quotidiennement(4). Il est souhaitable qu'une ventilation mécanique contrôlée ou VMC soit en place dans les locaux de soin(9). La salle de prélèvement doit comporter un point d'eau avec à proximité un distributeur de savon liquide et un distributeur d'essuie-mains à usage unique(4).

Pour les portes et fenêtres, le bois est à éviter au maximum(9).  Il faut privilégier le PVC et l'inox.  L'âme des portes peut être en bois pour des raisons de poids, mais les surfaces doivent être constituées d'un revêtement synthétique ou métallique très lisse(9).  Les poignées de porte doivent pouvoir être ouvertes avec l'avant-bras(9)

 Le chauffe-eau doit être réglé pour fournir une eau chaude de plus de 60°C et une eau froide de moins de 20°C(4) pour éviter la pullulation bactérienne dans le circuit.   

Les plantes, vases, aquariums et fontaines décoratives ne sont pas recommandés dans les zones de soin.(4)

MOBILIER D'EXAMEN:

La table et le fauteuil d'examen doivent être recouverts d'un revêtement lessivable(4), en matière synthétique, parfaitement lisse, sans rugosité(9).  Le tissu est proscrit, de même que le cuir naturel(9). 

 MOBILIER DESTINE A RECEVOIR LE MATERIEL DE PRELEVEMENT: 

Fixe ou mobile? 

Les équipements fixes sont bannis(8), à éviter dans la mesure du possible(9).  Il faut privilégier les meubles entièrement démontables pour permettre leur désinfection(8).  Les meubles doivent rouler pour faciliter le nettoyage des locaux et diminuer le risque infectieux(8).  L'usage des chariots permet d'éviter les déplacements inutiles(1)

 Structure du mobilier: 

Le bois est à éviter au maximum(9).  Le mobilier, mobile, doit être en inox ou en matière synthétique(9).  Toutes ses surfaces doivent être parfaitement lisses et non poreuses(9).  Les étagères et les chariots constitués de fil d'acier chromé sont à éviter, car difficiles à nettoyer et à décontaminer(9).

Rangement du matériel de prélèvement d'après la littérature: 

Il doit répondre à 3 impératifs: hygiène, sécurité et ergonomie du préleveur(2). en séparant Propre (matériel), Patient, Sale (poubelles)(2)
 
1/  hygiène: "matériel unique à patient unique"(1)(8). Le nécessaire pour le patient à prélever est mis dans un haricot jetable ou un plateau sur le chariot roulant(8) qu'on nettoie à la fin du prélèvement avant le patient suivant. 

 2/  sécurité:  élimination des déchets contaminants

La salle de prélèvement est équipée de 3 types de poubelles(4): 

a/ une poubelle pour déchets ménagers: emballages, papiers,...
b/ une poubelle pour le recueil des DASRI qui doit avoir une commande à pied(9)
c/ une boite rigide destinée à éliminer les Objets Piquants, Coupants, Tranchants (OPCT).

La poubelle à OPCT  doit être située à portée de main du soin(4), à 50cm pour permettre l'élimination immédiate du matériel contaminé sous contrôle de la vue(6),située de sorte à pouvoir évacuer immédiatement son matériel de prélèvement d'une main, sans croisement pour éviter les risques de piqure(1), si possible, l'intégrer dans le comptoir et laisser visible la ligne témoin de remplissage, sinon prévoir une surface abaissée et stable pour déposer la poubelle(7).  La poubelle doit se trouver dans un support inox, accroché par une
pince au montant du chariot, à moins de 50cm de la main, à la hauteur qui convient pour désadapter l'aiguille sans se déplacer ni se lever(8), tout en comprimant le point de piqure pour éviter l'hématome(2).

3/  ergonomie

Définition étymologique: dérivé du grec: "ergon" (le travail) et "nomos" (règles)L'ergonomie est la science du travail ayant pour objet l'adaptation du travail à l'homme(5)

 Des conseils judicieux sont réunis par l'Association paritaire pour la Santé et la Sécurité du Travail du Secteur Affaires Sociales à Montréal (ASSTSAS)(7).  Ils sont prévus pour des préleveurs qui ne quittent pas leur tabouret.  Ce n'est pas notre cas qui nous levons et nous déplaçons après chaque prélèvement pour chercher le patient suivant.  Mais nous pouvons nous en inspirer pour améliorer notre confort et notre sécurité. 

L'ASSTSAS(7) recommande donc de s'asseoir (ou s'assoir, aussi!) pour prélever. La hauteur du tabouret doit être réglée pour avoir les cuisses parallèles au sol.  L'assise ne doit pas comprimer l'arrière des genoux.  Les épaules doivent être détendues et les coudes rapprochés du corps ou en appui sur la surface de travail.  Pour cela, il faut adapter, dans la mesure du possible la hauteur de l'assise et celle du plan de travail.  La tête et le cou doivent être alignés au tronc.  Il faut pivoter la chaise pour réduire les rotations du cou et du dos.  

POUR NOTRE PRATIQUE QUOTIDIENNE

Le chariot de prélèvement semble être le meuble de prélèvement de choix, même si en même temps, on peut envisager de garder un meuble fixe à tiroirs pour recevoir la grosse réserve, une réserve exclusivement sous emballage d'origine pour assurer la traçabilité du matériel.  Il faut éviter de faire transiter les tubes par un tiroir, en vrac, ou par un portoir,  de peur d'en perdre l'origine...  Pour le gros matériel, qui ne tourne pas souvent, comme les spéculums, on peut s'en servir à l'unité à condition de s'assurer qu'il n y a qu'un seul conditionnement, bien identifié, en circulation.

Que faut il mettre sur le chariot?

Bien que, pour des raisons évidentes d'hygiène, il faut séparer les tubes du patient des tubes de réserve, il me semble important d' avoir une petite réserve sous la main  pour assurer les prélèvements difficiles (pour le choix de la bonne aiguille, par exemple!) ou pour remplacer, sans se lever, un tube qui a perdu défectueux ou un rouleau de sparadrap qu'on aurait malencontreusement lâché des mains.  Le rangement du chariot doit obéir à une organisation triangulaire où on met en présence, en les séparant, le propre (la réserve), le patient, et le sale (les poubelles). 

On peut imaginer un chariot avec tiroirs ou plateaux à différentes hauteurs.  Les tubes du patient sont mis à la surface dans un haricot jetable ou un plateau inox qu'on désinfecte après chaque prélèvement.  Une petite réserve, dans son emballage d'origine,  est dans les tiroirs.  La poubelle à OPCT doit être stable, soit accrochée au chariot soit sur un plateau spécifique fixe à portée de vue  pour voir le niveau de remplissage. Elle  doit se trouver au coeur de l'action,  permettant d'éliminer l'aiguille sans croiser les mains, et mieux encore, dans un mouvement de recul pour ne pas pointer l'aiguille vers l'avant.  En la retirant de la veine, dans le même geste,  il faut pouvoir l'évacuer immédiatement, tout en maintenant la pression sur le point de piqure pour éviter l'hématome.  Les patients ne sont pas tous capables d'assurer tout seuls cette compression.  
Et le fauteuil du patient?

U
n fauteuil de prélèvement qui tourne à 360° facilite énormément la tache! 

CONCLUSION 

Concluons sur une recommandation de  Docteur GAYET:  Nous ne devons pas adopter une gestion 
à postériori du risque infectieux.  N'attendons pas l'accident pour améliorer!  
SURTOUT QUE NOUS NE SOMMES PAS LOIN D'ETRE PARFAITS!




1/  PROTOCOLES DE SOINS   travail lorrain  document créé en 1999 réactualisé en 2006 
www.soins-infirmiers.com MAJ 22/12/2008

 
3/  Conception des laboratoires d'analyses biologiques   Avril 2007
www.inrs.fr/default/dms/inrs/CataloguePapier/ED/TI.../ed999.pdf
-steriles-et-non-sterile


4/ Hygiène et prévention du risque infectieux en cabinet médical ou paramédical  juin 2007

5/ Ergonomie - Définition - Direction des Systèmes d'Information du CNRS
 http://www.dsi.cnrs.fr/methodes/ergonomie/definition.htm
6/ Guide des matériels de sécurité et des dispositifs barrières 2010 
 
7/ Laboratoire- Poste de prélèvement / ASSTSAS  octobre 2006
www.asstsas.qc.ca/.../fiches.../laboratoire-poste-de-prelevement.htmlEn cache

8/ Mail de Monsieur Gilles VELA , ingénieur ergonome Centre Hospitalier de Cannes en date du 24 janvier 2012 concernant l'ergonomie d'un poste de prise de sang

9/ Recommandations générales d'hygiène pour l'aménagement des locaux de soins
rédigées par Docteur Stéphane GAYET - Février 2012