Friday, October 27, 2017

DIABETE DU SUJET AGE, mots clés: diabète, âgé, complications,

Monsieur Pierre F.,  plus de 96 ans au moment des faits, a fait un bilan sanguin de routine 7012111078 qui a mis en évidence une glycémie à jeun de  6.76 mmol/l, sans antécédents.
Faut-il s’en inquiéter par rapport à son âge?

Quelle conduite à tenir par rapport à son âge?


DIABETE DU SUJET AGE
Hédia Mili, Mars 2017

Les critères de diagnostic du diabète ne varient pas en fonction de l’âge(2)(5)(7).  Comme chez les jeunes, la limite de la glycémie retenue par la HAS est de 7 mmol/l soit 1.26 g/l.  Le diagnostic de diabète ne peut être porté que si les glycémies sont élevées à distance de toute pathologie intercurrente : ne pas hésiter à contrôler une glycémie à jeun élevée.

La prise en charge, par contre, est différente de celle du diabétique jeune.

Quelles sont les particularités du  sujet âgé ?
Physiologiquement :
1/ Le vieillissement s’accompagne de la diminution de l’insulino-sécrétion en réponse au stimulus glycémique avec disparition du pic précoce d’insuline et retard du pic secondaire ainsi que de la diminution de la sensibilité à l’insuline.

2/ le vieillissement s’accompagne également de modifications des réponses à l’hypoglycémie augmentant leur fréquence et leur gravité par diminution de la sécrétion de glucagon, diminution des signes neurovégétatifs (sueurs, palpitations…)  ainsi qu’une diminution de la capacité à se re-sucrer par perte d’autonomie, de ralentissement moteur…


Quels sont les signes d’appel chez le sujet âgé ?

En plus des signes classiques de polyurie,  polydipsie, amaigrissement,… il faut penser au diabète devant des troubles du comportement, une confusion, une altération inexpliquée de l’état général, une incontinence urinaire récente, d’une polyurie nocturne à l’origine de chutes et de déshydratation, des plaies podologiques, des infections à répétition, une mycose buccale…

Complications propres au sujet âgé :  

La dépression et les troubles cognitifs  sont plus fréquents chez le diabétique âgé. 
Les hypoglycémies sont fréquentes et sont souvent à l’origine des accidents les plus graves.  Les causes des hypoglycémies sont multiples : déficience de la contre régulation hormonale, altération de la fonction rénale qui diminue l’élimination de l’anti-diabétique.  Statistiquement, il y a une relation entre la démence sénile et les hypoglycémies.  Est-ce que les hypoglycémies entrainent une démence, ou est-ce que les déments sont sujets aux hypoglycémies par défaut d’observance du traitement ??  Ce n’est pas clair !
Le coma hyper-osmolaire, souvent inaugural,  représente le mode de décompensation le plus fréquent, pouvant être déclenché par une infection sévère, un AVC, un IDM, … associé à un facteur de déshydratation : mauvaise perception de la soif, limitation de l’accès à l’eau, diurétiques, pertes sudorales…

Faut-il dépister les complications du diabète chez le sujet âgé comme chez un jeune ?   

En dehors du sujet diabétique âgé en fin de vie, les dépistages doivent être identiques à ceux pratiqués chez le diabétique jeune.  La prévention des complications est capitale chez le sujet âgé vulnérable car elles peuvent lourdement affecter son autonomie.

Quel régime pour le diabétique âgé ?
Aucune indication pour un régime diabétique au sens restrictif, car risque de dénutrition, et perte de la fonction sociale du repas.
Chez le diabétique âgé, il faut adapter le traitement, pas l’alimentation, même s’il faut respecter quelques règles :
-    Continuer à manger des sucres simples de type fruits, compote, y compris pâtisseries, gâteaux en privilégiant la fin du repas…
-         Manger des féculents mélangés à des légumes à chaque repas
-        Veiller à la bonne répartition des aliments: souvent le repas du soir est très insuffisant
-        Le goûter n’est pas recommandé sauf si dénutrition  
-        Bien s’assurer de la bonne hydratation

Et l’activité physique ?

Un minimum est requis pour éviter la grabatisation, et elle doit être adaptée à l’âge : marche normale, ménage, jardinage… au moins 10 mn par jour

Quelles cibles thérapeutiques pour le sujet âgé ?

La population âgée est très hétérogène, et les objectifs thérapeutiques dépendent de l’âge, mais aussi de l’état de santé, de l’espérance de vie  et du degré d’autonomie.

  « L’OMS classe les patients en différentes catégories en fonction de leur âge et de leur état de santé générale
les personnes dites « vigoureuses » : en bon état de santé, indépendantes et bien ·       intégrées socialement, c’est-à-dire autonomes d’un point de vue décisionnel et fonctionnel qui sont assimilables aux adultes plus jeunes ;
·       les personnes dites « malades » : dépendantes, en mauvais état de santé en raison d’une poly-pathologie chronique évoluée génératrice de handicaps et d’un isolement social ;
·       les personnes dites « fragiles » : à l’état de santé intermédiaire et à risque de basculer dans la catégorie des malades. Elles sont décrites comme une population vulnérable, avec des limitations fonctionnelles motrices et cognitives et une baisse des capacités d’adaptation. »


La HAS propose les cibles thérapeutiques ci-dessous :


https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-02/10irp04_synth_diabete_type_2_objectif_glycemique_messages_cles.pdf



Qu’en est-il de Monsieur Pierre ?

-         Il a eu 2 glycémies les 5 dernières années dont une, la plus récente, est élevée, sans atteindre pour autant les 7 mmol/l, soit 1.26 g/l, seuil retenu pour le diabète.
-         Malgré son grand âge, Monsieur Pierre est  autonome : il vit seul, passe l’été dans sa maison de campagne (2 semaines pour faire sa valise/ 2 semaines pour la défaire, à l’aller et au retour…) et il est judicieux de préserver cette autonomie
-         Nous ne sommes pas habilités pour une prise en charge clinique et thérapeutique, mais il convient  de rester en alerte pour détecter les éventuels signes du diabète qui peuvent le précipiter dans la dépendance







AU CŒUR DE LA THYROGLOBULINE mots clés: thyroïde, thyroïdite de DEQUERVIN, cancer, thyroglobuline, nodule,

AU CŒUR DE LA THYROGLOBULINE
Hédia Mili, Mars 2017
ALINE
Madame Aline D 7022421009, a fait un bilan le 21 Février dernier .

T3L: 5.15 pmol/l (VU: 3.1 à 6.8),  
T4L: 17.2 pmol/l (VU: 12 à 22)
 TSH:  1.37 mU/L (VU: 0.27 à 4.2)
Thyroglobuline (TG):  567 µg/l  (VU: 3.5 à 77)
VS:  94 mm (VU: inf à 15)
CRP:  27 mg/l  (VU: inf à 5)
   Son médecin (son frère !), pas surpris par la valeur de la TG, penche pour une thyroïdite.  
Un 2ème  bilan  de contrôle le 9 Mars suivant a donné les résultats ci-dessous : persistance de l’inflammation, anticorps anti-thyroïdiens normaux, baisse de la TG, et la thyroïde s’est emballée !

T3L: 7.74 pmol/l (VU: 3.1 à 6.8),  
T4L: 28.2 pmol/l (VU: 12 à 22)
 TSH:  0.015 mU/L (VU: 0.27 à 4.2)
TG:  356.4 µg/l  (VU: 3.5 à 77)

La patiente a fait entre-temps d’autres explorations par imagerie qui ont permis de porter le diagnostic de : Thyroïdite de De Quervain

Qu’est ce que la thyroïdite subaiguë de De Quervain ?

« Souvent décrite comme une grippe de la glande thyroïde cette inflammation survient le plus souvent quelques semaines après un épisode banal d'une affection des voies respiratoires supérieures »(4).
« La vitesse de sédimentation et le taux de CRP sont élevés, de manière très variable en rapport avec la chronologie de la maladie. La TSH est abaissée pendant plusieurs semaines alors que l'élévation de la T4 libre est souvent présente mais brève » (4)

« Affection banale d’origine virale, se traduisant par un état inflammatoire initial dans un contexte grippal, avec goitre douloureux, fièvre, augmentation de la VS et de la CRP.  Elle s’accompagne d’une phase initiale d’hyperthyroïdie (par lyse des cellules) suivie d’une phase d’hypothyroïdie, puis récupération en 2 ou 3 mois.   Le diagnostic est essentiellement clinique, mais peut être aidé par l’échographie (aspect hypoéchogène).»(3)

Aline suit le schéma classique, et sa TG est montée en raison de la lyse inflammatoire.
« La thérapeutique habituelle comporte la prescription d'anti-inflammatoires…sur une période de plusieurs semaines, vu le caractère parfois prolongé ou récidivant de cette maladie. Un bétabloquant peut être prescrit initialement en présence d'une symptomatologie cardiaque »… « Les antithyroïdiens ne sont pas indiqués car l'hyperthyroïdie est liée à un largage hormonal et non à une synthèse augmentée comme dans la maladie de Basedow ou l'adénome toxique »(4).

La thyroglobuline est une glycoprotéine exclusivement synthétisée par les cellules folliculaires de la thyroïde.  Elle est majoritairement sécrétée et stockée dans la lumière folliculaire, et la quantité secrétée est inférieure à 10% de la quantité produite.  En cas d’inflammation, la TG est secrétée en masse dans la circulation ; dans les cancers, la TG secrétée tend à 100% de la TG produite.

ANDREE
Madame Andrée B 7030906008 a eu un cancer de la thyroïde, ayant nécessité son ablation totale.  Depuis, elle dose sa thyroglobuline une fois par an en moyenne depuis 2010 (du moins sur Alysé !). Elle est toujours revenue indétectable. 

La thyroïde est le seul organe à synthétiser la TG.  Sa concentration sérique, corrélée au volume de tissus thyroïdien, permet d’en estimer la masse.(2)(7). Le cancer thyroïdien est l’indication principale du dosage de la TG(2) Elle est dosée avant traitement pour apprécier la capacité sécrétoire de la tumeur.  Après exérèse partielle ou totale, la concentration de TG décline (2)

«  Après thyroïdectomie totale, elle doit être effondrée. La persistance ou la réapparition de taux détectables de TG est en faveur de métastases ou de la repousse de tissu thyroïdien. Le dosage de TG est plus sensible lorsqu’il est effectué en « défreinage », c’est à dire sous stimulation par la TSH endogène après 1 mois d’arrêt du traitement par T4, ou sous TSH recombinante. » (2) (3)

« Après thyroïdectomie totale, les auto-anticorps se négativent dans les mois ou années qui suivent, pour ceux qui ne présentent pas de récidives. La présence ou l’augmentation d’auto-anticorps anti-TG à distance (plusieurs années) reste un facteur de mauvais pronostic et parfois le signe d’une récidive ». (1)
La persistance ou la réapparition des anticorps anti-TG circulants en regard d’une TG indétectable peut être considérée comme un «indicateur » de persistance de la maladie.(7)




FRANCIS
Monsieur Francis N (7030925063)  58 ans, a eu un cancer de la thyroïde en 2001.  Depuis nous le suivons régulièrement pour sa TG et ses anticorps anti-TG


08/06/11
22/09/12
08/06/13
26/04/14
THYROGEN®
07/06/14
28/02/15
10/10/15
23/01/16
04/03/16
25/03/17
TG µg/l
<0.2
0.2
0.3
2.4
---
<0.1
0.3
---
0.5
0.16
AC ANTI-TG
16
10
< 10
???
< 10
19
13
15
15
16

Contrairement à la TG de Madame Andrée qui est restée indétectable, celle de Mr Francis varie, et les anticorps anti-TG avec.  Face aux variations de la TG, son médecin, Professeur  LE BERRE, l’a soumis à un test dynamique de stimulation au Thyrogèn® qui amplifie la réponse de l’éventuel tissu thyroïdien.  C’est ce qui explique le bond de la TG à 2.4 µg/l.  « Peu de données existent dans la littérature sur les seuils de réponse à la rh TSH, c’est à dire le taux au delà duquel une rechute peut être mise en évidence. Un seuil «institutionnel » est à déterminer par chaque centre en fonction de la méthode utilisée. La signification clinique d’élévations minimales de Tg sous rhTSH reste inconnue et doit être évaluée. En présence d’Ac anti-TG, l’absence de réponse de TG sous rhTSH doit être interprétée avec prudence »(7)  



Avec sa TG détectable après Thyrogen®, Monsieur Francis a eu droit à un traitement isotopique, qui permettrait en même temps, par les techniques d’imagerie, de localiser les éventuelles reprises et/ou métastases…

JOSIANE

Madame Josiane 7030902059 est suivie pour des nodules thyroïdiens depuis 30 ans et elle fait doser sa thyroglobuline.   

02/03/17    TG:  712.40  µg/l           VU: 3.5 à 77
21/09/16    TG:  213  µg/l                VU:  0.0 à 35.00

Selon les règles de l’art, son médecin lui prescrit en même temps des anticorps anti-TG qui permettent de valider la valeur de la TG et ils ont toujours été normaux.

Même si les nodules thyroïdiens ne sont pas une indication pour le dosage de la TG(6), car elle ne permet pas de distinguer un nodule bénin d’un nodule malin, le clinicien est peut être inquiété par une clinique qui nous échappe au laboratoire et  il pousse sa patiente à aller faire une ponction. 
Pour l’instant, elle continue à faire de la résistance… 


CONCLUSIONS

1/ La thyroglobuline est spécifique du tissu thyroïdien et son taux est proportionnel à la masse de tissu.

2/ La thyroglobuline n’est pas un paramètre de diagnostic de cancer de la thyroïde, car elle est élevée dans de nombreuses pathologies bénignes.  Elle est cependant   un très bon paramètre de suivi après exérèse partielle ou totale.

3/ Le dosage  de la TG doit impérativement être accompagné d’un dosage des anticorps anti-TG, autrement il est ininterprétable.  En effet, la TG est dosée par méthode immunologique et les anticorps anti TG peuvent rentrer en compétition avec le réactif en minimisant le résultat.  Nous pourrons peut être, comme Biomnis, faire apparaître cette relation sur nos comptes-rendus. 


4/ A côté de son indication principale de suivi de cancer thyroïdien, la thyroglobuline peut s’avérer utile en cas d’hypothyroïdie néo-natale: si agénésie (ou athyréose) la TG est nulle, et si ectopie, la TG est détectable(2).    Le dosage de la thyroglobuline trouve son intérêt aussi pour différencier une hyperthyroïdie vraie, où son taux est élevé, d’une hyperthyroïdie factice où elle est effondrée.  L’hyperthyroïdie factice concerne typiquement un professionnel de santé, qui a facilement accès aux médicaments, et qui prend des hormones thyroïdiennes pour maigrir.  Il présentera les signes de l’hyperthyroïdie mais sa thyroglobuline est effondrée car sa thyroïde est mise au repos par feed-back(3). 










  


Saturday, October 21, 2017

REAJUSTEMENT DU VOLUME DE CITRATE EN FONCTION DE L HEMATOCRITE , mots clés: polyglobulie, eisenmenger, INR, Citrate, réajustement

REAJUSTEMENT DU VOLUME DE CITRATE EN FONCTION DE L HEMATOCRITE 
Isabelle Maréchal, Hédia Mili 
Mars 2017 

Monsieur Patrice D, 7032218107 est atteint du syndrome d’Eisenmenger*(voir annexe), provoquant une polyglobulie réactionnelle.  De part sa polyglobulie, il a été mis sous anticoagulant, et fait régulièrement des INR pour ajuster sa dose de Préviscan®.   
Monsieur Patrice atteint des niveaux d’hématocrite très élevés rendant la quantité de citrate dans les tubes d’hémostase inappropriée, trop grande par rapport au faible volume de plasma.  
Le 24 Janvier dernier, avec un hématocrite à 74%, son INR était de 7.95.   Contrôlé le lendemain, il était de  9.08 sur  tube citrate  classique et 5.71 sur tube contenant un volume corrigé de citrate.   
Comment calculer le volume d’anticoagulant  en fonction de l’hématocrite? 
Les tubes du commerce sont prévus pour un hématocrite compris entre 20 et 55%(1)(4)(5) 30 et 55%(2)(3). 

Pour trouver le volume X d’anticoagulant : 
X= (0.185 x Vs) x (1-Ht) 
Où Vs est le volume de sang, Ht l’hématocrite 
Pour notre patient, pour 4 ml de sang et un hématocrite à 0.74, le volume de citrate est de : 0.192 ml, soit 200µl environ.  Pour simplifier la manœuvre, au lieu d’enlever 200µl des tubes de 4 ml, nous prenons un tube citrate de 2 ml que nous remplissons jusqu’à 4 ml.  Il va sans dire qu’il n’est pas possible de prélever sous vide car les tubes sont ouverts pour la correction.  
La GHET(1) ne recommande pas la correction systématique, elle est laissée à l’appréciation de chaque laboratoire.  Par contre, il faut toujours signaler les hématocrites extrêmes 

  http://site.geht.org/UserFiles/file/tableau_synthese_GEHT2015.pdf 

Biomnis a décrit un cas analogue(6) d’un patient, comme le notre, atteint d’une cardiopathie avec un hématocrite élevé.  Biomnis propose, entre autre solution, d’enlever d’emblée 
0.1 ml de citrate (sans dire sur quel volume ?) dès que l’hématocrite dépasse les 65%. 
Il est important que le patient soit suivi au même laboratoire, ou du moins, en pratiquant la même correction. 

En conclusion : Monsieur Patrice est heureux d’avoir été pris en charge par Isabelle  à Décines car elle s’est penchée sur son cas et lui fait des INR sur mesure, là où d’autres enseignes ont refusé de faire l’effort ! 





(1) Recommandations pré-analytiques en hémostase – GEHT Révision partielle octobre 2015 http://site.geht.org/UserFiles/file/tableau_synthese_GEHT2015.pdf (2) Hématologie et hémostase  
http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/hemato-hemostase.pdf 
(3) Importance de l’étape préanalytique en hémostase  http://www.jle.com/fr/revues/abc/sommaire.phtml?cle_parution=3873 
(4) Importance du préanalytique dans l’étude de l’hémostase primaire http://www.uclmontgodinne.be/files/6_magnette_chatelain_nthc2016.pdf 

(5) Ordre professionnel des technologistes médicaux du Quebec (OPTMQ) hémostase, deuxième édition 2008  http://optmq.org/wp-content/uploads/2012/08/HEMOSTASE_FINALaveccorrection.pdf  
(6) Cas cliniques d’hémostase du laboratoire Biomnis 
   http://www.biomnis.com/wp-content/uploads/2015/12/37-Focus-Cas-cliniques-hemostase-Biomnis.pdf 


ANNEXE * 

CAS DE POLYGLOBULIE 

La numération de Madame BO. A.C., 32 ans, fait état de 7.140.000 hématies/mm3, 22.1 g/100 ml  d’hémoglobine,  et 68.8 % d’hématocrite… 
Alertée, son Médecin, Cardiologue, a accueilli le  résultat sans surprise.  Elle s’est plus intéressée au VGM : 96.3 µ3 pour une normale entre 80 et 100  et au fer sérique : 17.1 µmol/l pour une normale entre 10 et 30.  Et elle en était contente !!! 
INTERPRETATION 
Madame BO.A.C.  est suivie pour un problème cardiaque : le Syndrome d’Eisenmenger. 
 DEFINITION (selon orphanet)(1): 
« Le Syndrome d’Eisenmenger (SE) désigne une combinaison complexe d’anomalies cardiovasculaires, définies par une hypertension pulmonaire avec inversion ou bi-directionnalité du flux à travers une communication intracardiaque ou aorto-pulmonaire »(1).     
Sera traitée ici la communication intra-cardiaque 



PHYSIOPATHOLOGIE (2) (3) (4): 
La communication entre les 2 chambres cardiaques entraine une perturbation du flux circulatoire. 
1/ le sang artériel, au lieu de partir par le ventricule gauche vers les tissus pour les oxygéner, il va gagner le ventricule droit et envahit le poumon. 
2/ ce mouvement vers les poumons provoque des dommages vasculaires,  engendrant l’hypertension pulmonaire qui aggrave les perturbations du flux sanguin  
3/ les tissus périphériques, se trouvant en état d’hypoxie, vont stimuler l’erythropoïèse, provoquant la polyglobulie retrouvée chez notre patiente. 
CLINIQUE : 
Les signes cliniques sont liés à l’hyperviscosité du sang, au manque d’oxygène tissulaire et aux troubles circulatoires 
- Cyanose 
- Arythmie 
- Insuffisance cardiaque 
- Hémoptysie 
- Hippocratisme digital : Doigts en baguette de tambour avec des ongles en verre de montre 

- Asthénie  et faible résistance à l’effort… 
BIOLOGIE : 
- Numération : polyglobulie, hématocrite et hémoglobine augmentés, VGM et CCMH diminués 
- Diminution du fer et de la ferritine en raison de la consommation accrue pour l’érythropoïese  
- Hypoglycémie « artificielle » résultant de la glycolyse, in vitro,  par le grand nombre d’hématies 
SUIVI :   Prévenir le risque thrombotique lié à la polyglobulie :   
Ce risque est d’autant plus important que les globules rouges ont un VGM bas car ces globules rouges pauvres en fer sont moins déformables que des globules rouges normaux.  Pour notre cas, la Cardiologue de Madame BO. A.C. l’a mise sous fer pour s’assurer qu’elle n’en manque pas et qu’elle ne se mette pas à fabriquer de petits globules rouges nombreux et hautement  thrombogènes. 
Toujours pour prévenir les risques thrombotiques, on peut pratiquer des saignées (qui ne résolvent le problème que pour un temps !) en veillant à garder un hématocrite assez haut (5) pour que l’erythropoîese  ne se déchaine pas…  
TRAITEMENT -  HYGIENE DE VIE 
- Chirurgical : greffe cœur/poumon.  Radical mais a ses indications et ses contre-indications 
- Eviter les conditions climatiques extrêmes et les activités intenses. 
- Oxygénothérapie : controversée 
- Anticoagulants : controversés aussi vu le risque hémorragique 
- Contraception : hautement recommandée car le taux de mortalité fœtale est de 25% et maternelle dépasse le 50% en cas de SE 
- Une bonne hygiène des dents et de la peau pour prévenir le risque d’endocardite, élevé chez les patients présentant le syndrome d’Eisenmenger 

ET POUR RESTER OPTIMISTE :   Avec une bonne hygiène de vie, plusieurs patients atteignent l’âge adulte ! 

Bonne lecture ! 
Mots clés :  polyglobulie, syndrome d’Eisenmenger, microcytose,  

(1)orphanet version 4.6.3. Dernière mise à jour 15-09-2011 
(2) University of Maryland Medical Center website : http://www.umm.edu/ency/article/007317.htm  2011  
(3)University of California San Francisco Medical Center : http://www.ucsfhealth.org/conditions/eisenmengers_syndrome/ 15/09/2011 
(4) Eisenmenger Syndrome,  Mikhael F El-Chami, MD  Assistant Professor, Department of Cardiology, Division of Electrophysiology, Emory University School of Medicine, mise à jour: 5/06/2008  http://emedicine.medscape.com/article/154555-overview  
(5) Les cardiopathies congénitales cyanogènes, Professeur Yvette Bernard, Révision 03/2008, http://www.besancon-cardio.org/phprint.php 

Syndrome de Goodpasture,mots clés: greffe rénale, anticorps anti-membrane basale glomérulaire










Faut-il s’inquiéter d’un Escherichia Coli dans le vagin ? mots clés: E. Coli type K1, grossesse, néonatologie

Faut-il s’inquiéter d’un Escherichia Coli dans le vagin ?
A propos d’un cas
Hédia Mili, Juin 2017

 Mylène, 7052229113, est enceinte de 8 mois au moment des faits.  Un bilan de grossesse de routine avec prélèvement vaginal a révélé la présence de nombreuses colonies d’Escherichia Coli de type K1

Que faut-il en faire ?
1/ E. Coli est retrouvé en portage simple chez 2 à 5 % des femmes(1)
2/  En néonatologie, E.Coli est (2)
·       « 2ème bactérie responsable de sepsis néonatal
·       1ère bactérie responsable de méningite néonatale avec séquelles neurologiques fréquentes
·       1ère bactérie chez le nouveau-né prématuré avec pronostic sombre »

3/ « Pour l'E. coli, le sérotype capsulaire K1 est le plus redoutable, puisqu'il est responsable de 80 % des méningites néo-natales et de la moitié des septicémies à E. coli. La contamination, le plus souvent par voie ascendante, n'est responsable d'une infection néo-natale que dans 1 % des cas ce qui représente néanmoins presque la moitié des méningites néo-natales. L'infection, une fois déclarée, est grave. Le taux de mortalité des infections septicémiques et méningées du nouveau-né serait de 38 % dans la première semaine » (3)

4/  Virulence liée à l’antigène capsulaire K1 (2)
         « Faible immunogénicité 
  Tolérance immunologique par mimétisme moléculaire avec l’acide polysialique des N-CAM (forme embryonnaire des molécules d’adhésion des cellules neurales)
         Résistance à la phagocytose et à l’opsonisation
  par masquage de l’antigène O  « camouflage antigénique »
         Résistance à l’activité bactéricide du sérum
  Inhibition de la voie alterne du complément par affinité pour le facteur H
  Résistance à l’activation alterne du complément par masquage du LPS de paroi »

Au total :
E. Coli, si commun, si fréquent, peut s’avérer redoutable  quand il est capsulé et qu’il a un bébé en ligne de mire.
La patiente a été « sommée » de prendre contact avec son gynécologue pour une prise en charge adaptée.








1/  Infections aigües génitales basses « aux urgences »
(chez une femme en période d’activité ovarienne)
Professeur Roland Quentin
Département de Microbiologie Médicale et Moléculaire, EA 3854 « Bactéries et risque
maternofoetal » UFR Médecine 37000 TOURS.

2/ Que reste-t-il du K1 en néonatalogie
Anne MARIJON,  Jean-Baptiste CAMPERGUE 27 Février 2012
spiralconnect.univ-lyon1.fr/spiral-files/download?mode=inline&data=1915691

3/ INFECTIONS CERVICO-VAGINALES ET GROSSESSE (1997)