Yasmina palpite
Hédia Mili, Juin 2017
Yasmina a
eu un cancer de la thyroïde. Elle a du
subir une thyroïdectomie, et est depuis sous hormonothérapie substitutive.
Yasmina
palpite, et est consciente que c’est lié à la dose de LT4 qu’elle prend. Elle n’arrête pas de demander à son médecin
de réduire la dose, mais il ne fait rien.
Yasmina
demande conseil.
Quoi lui répondre ?
Comment se gère un cancer de la thyroïde ?
PRISE EN CHARGE DU CANCER DE LA THYROIDE :
D’UNE PIERRE DEUX
COUPS (1)
« L’ADMINISTRATION
D’IODE 131 après
chirurgie permet
1/ de révéler d’éventuelles
métastases locorégionales ou à distance passées inaperçues
avant la chirurgie.
2/ Lorsque ces métastases sont de petite taille l’iode 131 permet également de les traiter. Si elles sont de grande taille il faut discuter
une nouvelle chirurgie »…
« L’intérêt de la totalisation chirurgicale
et isotopique est que, après ces traitements, toute sécrétion de thyroglobuline
est synonyme de métastase: la thyroglobuline devient ainsi un marqueur
privilégié du suivi. Le marqueur le plus sensible étant le dosage de la thyroglobuline
sous stimulation par la TSH. Pour cela on peut soit arrêter de façon
transitoire le traitement freinateur par levothyroxine soit administrer de la
TSH recombinante (Thyrogen®) ».
L’ADMINISTRATION DE
LEVOTHYROXINE
« Le traitement chirurgical et/ou isotopique
est suivi d’un traitement médical freinateur par levothyroxine (LT4) : il
s’agit d’administrer de la LT 4 :
1/ non pas seulement à une dose substitutive qui
remplace la sécrétion thyroïdienne après thyroïdectomie,
2/ mais à une
dose suffisante pour freiner la sécrétion de TSH (TSH
<0,1 uUI/ml). Il est donc nécessaire de donner une dose légèrement supérieure
à la dose substitutive : on crée une thyrotoxicose périphérique très modérée. La logique de ce traitement est d’empêcher la stimulation de la croissance
d’éventuelles micro-métastases »
« Il
ne faut pas pour autant mettre les patients en thyrotoxicose franche: les objectifs
sont d’avoir une TSH <0,1 UI/ml avec T4 libre doit être à la limite
supérieure de la normale, ou T3 libre normale. La dose nécessaire de lévothyroxine
varie de 1,8 à 2,4 µg/kg/j (diminue avec l’âge).
Les
effets indésirables du traitement freinateur sont modestes : légère
augmentation de la fréquence cardiaque, ce qui augmente cependant le risque de
fibrillation auriculaire chez les personnes âgées ou prédisposées. Il y a
également un certain risque d’ostéoporose. Du fait de ces effets indésirables on peut se
contenter d’un freinage plus modéré de la TSH (0,1 à 0,4 UI/ml)
dans les formes de très bon pronostic avec thyroglobuline indosable sous
défreination. »
BEAUCOUP DE PATIENTS, CEPENDANT, N’ONT PAS BESOIN D’ETRE AUTANT
FREINES(2) :
« Le
traitement par L-thyroxine est prescrit à tous les patients opérés d’un cancer
différencié de la thyroïde. Chez les patients ayant une
maladie résiduelle connue ou des facteurs pronostiques défavorables, le taux de TSH doit être inférieur ou égal à 0,1 mU/l pour freiner la
croissance tumorale hormono-dépendante. Chez la majorité des patients, il n’y a
pas d’évidence de maladie et le risque de rechute est alors si faible qu’il ne
justifie pas un risque de surdosage en L-thyroxine. Le but du traitement par
L-thyroxine est de maintenir le taux de TSH à une valeur normale (0,5–2,5 mU/l) »
QUOI REPONDRE A YASMINA ?
1/ Continuez à palpiter sinon votre cancer récidive
En somme, elle jonglera avec la peste et le choléra !
Pas très doux comme réponse.
2/ Votre médecin fait bien, écoutez-le
Ce que nous aurions du dire dès le départ, mais là, en plus,
nous savons pourquoi : l’hormonothérapie n’est pas que substitutive !
Bibliographie :
1/
Cancers de la thyroïde
Docteur Olivier CHABRE
Avril 2003- Faculté de Médecin de
Grenoble
M.
Schlumberger
Service
de Médecine nucléaire, Institut Gustave-Roussy, 39, Rue Camille-Desmoulins,
94805
Villejuif cedex, France
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