VIRUS EPSTEIN BARR – SITUATIONS PARTICULIERES
Le virus Epstein-Barr est un herpesviridae, genre lymphocryptovirus (virus caché dans les lymphocytes). Le virus infecte les lymphocytes B et les cellules épithéliales de l’oropharynx.
C’est un virus particulier car :
1/ c’est l’un des premiers virus à être incriminé dans la survenue de pathologies cancéreuses. En Afrique, il est très impliqué dans la survenue des lymphomes de Burkitt. En effet, il a la possibilité d’induire la prolifération continue et l’immortalité des lymphocytes B et des cellules épithéliales. C’est ainsi qu’il est retrouvé, aussi, dans 100 % des cancers du naso-pharynx en Afrique du nord.
2/ un même sérum contient plusieurs marqueurs permettant d’établir un statut relativement précis de l’infection: primo-infection, infection ancienne, réactivation, lymphome, …
INDICATIONS DE LA SEROLOGIE
Dans notre pratique courante, la sérologie EBV est demandée,
1/ soit pour le diagnostic étiologique d’un syndrome mono-nucléosique,
2/ soit chez l’immuno-déprimé pour évaluer le risque de survenue de maladie néoplasique due au virus Epstein Barr. Dans un contexte de greffe, sont candidats à cette sérologie les donneurs (s’ils sont vivants !!!) et les receveurs, qui feront l’objet d’un suivi après la greffe. En effet, les désordres lympho-prolofératifs dans les suites d’une transplantation d’organe se développent chez 1 à 10 % des malades greffés d’organe et sont fréquemment associés au virus Epstein-Barr.
3/ une autre situation particulière justifie la sérologie EBV : en cas d’apparition d’un rash cutané après prise d’ampicilline face à une suspicion d’angine bactérienne. Ce rash aurait été longtemps interprété comme une allergie à la pénicilline ( ?). Alors que, en réalité, c’est l’administration (à tort !) de pénicilline en cas d’infection par le virus Epstein Barr qui génère le rash. Une sérologie EBV montrant une primo-infection confirme l’erreur diagnostique et l’erreur de traitement…
INTERPRETATION DU PROFIL SEROLOGIQUE
La plupart des trousses permettent de détecter les anticorps classiques, à savoir, IgG et IgM EBNA, IgG et IgM VCA.
Pour les EBNA non répondeurs, soit 20% des patients infectés, certaines trousses détectent aussi les IgG anti P22, plus constantes que les IgG EBNA, témoins d’une infection ancienne.
Les IgG EA, témoins d’une réplication virale active, apparaissent lors de la primo-infection. Au cours d’une réactivation, le taux d’anticorps IgG EA augmente souvent. Leur présence est plus constante que les IgM.
Les IgA anti VCA et anti EA sont des marqueurs importants du diagnostic du cancer du naso-pharynx.
La réactivation peut passer inaperçue chez l’immunocompétent, mais est redoutable chez les immunodéprimés.
Il est judicieux de rajouter une ligne IgG EAD, facultative, dont on ne se sert que si le profil le justifie. Dans ce cas, il faut appeler le clinicien à considérer la sérologie en fonction du contexte clinique, du statut immunitaire du patient et de l’origine géographique, car, comme signalé précédemment, le virus Epstein Barr est retrouvé dans 100% des cancers du nasopharynx en Afrique du Nord .
CAS CLINIQUES :
1/ Mr K.A., 71 ans, d’origine maghrébine, souffre d’un cancer du naso-pharynx détecté depuis 2007.
Sa sérologie montre : IgG anti EBNA +++
IgG anti VCA +++
IgG anti EA +++
IgM anti VCA < 0
IgA anti VCA +++
soit un profil de contact ancien avec témoin de réplication virale active, et un
marqueur du cancer du naso-pharynx.
2/ Mr M.R., 46 ans, greffé du foie, est de ce fait sous immuno-suppresseur.
Sa sérologie montre : IgG anti EBNA +++
IgG anti VCA +++
IgG anti EA ++
IgM anti VCA <0
Questionnée sur la conduite à tenir dans ce cas de figure, son Médecin dit qu’il faudrait juste diminuer la dose d’immuno-suppresseur pour faire barrage à la réplication du virus Epstein Barr. Un contrôle est prévu au bout de 6 mois…
à suivre…
Spectra biologie n°143. Janvier- Fevrier 2005
Précis de Biopathologie Biomnis 2007
Mononucléose infectieuse et syndromes mononucléosiques J-M Seigneurin -1995
Annales de Dermatologie et de Vénérélogie Vol 131, N°12 Décembre 2004 pp 1085-1091
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